36 vues de la tour Eiffel (21/36)

SO LONG AT THE FAIR (Si Paris l’avait su) 1950 Terence Fisher et Anthony Darnborough

THE MAN WHO COULD CHEAT DEATH (L’homme qui trompait la mort) 1959 Terence Fisher

Terence Fisher et la tour Eiffel

Nous y voilà : lundi 6 mai 1889, jour de l’inauguration de la tour Eiffel et, accessoirement, celui de l’ouverture de l’exposition universelle à Paris !

L’anglaise Vicky Barton (la désarmante Jean Simmons) est émerveillée d’arriver à Paris et, surprise inattendue, de disposer d’une chambre avec vue sur la tour Eiffel !

En provenance de Naples accompagnée de son frère plus âgé, avec lequel elle a entrepris de faire le tour de l’Europe, Vicky est impatiente de découvrir l’exposition universelle et surtout cette tour énigmatique, que son frère regarde d’un œil plutôt circonspect.

Mais le lendemain de son arrivée, la vie de Vicky bascule soudain dans un véritable cauchemar, quand elle réalise que son frère a disparu… et que plus personne ne semble se souvenir de lui. Pire encore, la chambre d’hôtel où il a dormi n’existe plus !

Face à l’indifférence des employés qui jurent qu’elle est arrivée seule le jour précédent, sans papiers et sans argent (son frère conservait tout dans sa chambre), Vicky est au bord de la crise de nerfs.

Désemparée, elle tente de retrouver la sympathique femme de chambre, qui, la veille, les avait croisé tous les deux. Cette dernière leur avait fait part de son intention d’effectuer un vol en montgolfière à l’exposition universelle.

Sans avoir le temps ni la tête à admirer les merveilleux pavillons exposés, Vicky se rend donc sur les lieux et cherche la montgolfière. C’est le talentueux Les Bowie qui est responsable des effets spéciaux du tournage et notamment des impressionnantes peintures sur cache1 qui mettent en scène les pavillons (dans une interprétation quelque peu fantaisiste) avec – bien entendu – l’omniprésence de la tour Eiffel en arrière-plan.

Mais la montgolfière est détruite (avec la femme de chambre à bord) dans un terrible accident !

Vicky retrouve un peu d’espoir quand elle rencontre le jeune et séduisant peintre George Hathaway (le toujours sublime Dirk Bogarde), un compatriote et la seule personne qui se souvient bien de l’avoir vue en compagnie de son frère !

Hathaway s’installe dans l’hôtel et les deux jeunes gens tentent de retrouver la chambre évanouie du frère disparu. Le film emprunte alors le chemin et l’atmosphère des feuilletons rocambolesques de Feuillade (« Fantomas », « Judex », « Les Vampires ») avec masques, …

…. cascades et suspens à tous les étages, où le charmant couple de détectives amateurs s’expose à tous les dangers !

Officiellement réalisé par Anthony Darnborough (le producteur) et Terence Fisher, ce film doit beaucoup au talent de ce dernier, qui deviendra ensuite le pilier du studio Hammer, spécialisé dans des films d’horreur aux couleurs chatoyantes dans les années 1960-1970. On lui doit notamment les chef-d’œuvres emblématiques « Frankenstein s’est échappé » (1957) et « Le Cauchemar de Dracula » (1958), les deux avec Christopher Lee et Peter Cushing.

C’est aussi Fisher qui tourne à Paris les plans d’ensemble (du Louvre, de Notre-Dame, et bien sûr, de la tour Eiffel), même s’il préfère de loin le travail en studio, où il peut plus facilement contrôler l’esthétique de ses images.

« Si Paris l’avait su » est basé sur une légende urbaine, transformée en nouvelle par Anselma Heine en 1912. L’histoire a été déjà adaptée au cinéma dans la première des « Histoires fantastiques » (« Unheimliche Geschichten », 1919), film d’épouvante allemand de Richard Oswald, puis sous le titre « Sans laisser de traces » (« Verwehte Spuren », 1938) par Veit Harlan. Alfred Hitchcock (« Une femme disparaît », 1938) et Roman Polanski (« Frantic », 1988) ont tourné des variations sur ce thème. Sans être un grand film, il reste admirable pour son couple d’acteurs juvéniles, Jean Simmons et Dirk Bogarde, et sa reconstruction soignée du Paris de 1889.


Un deuxième film de Terence Fisher, tourné pour la Hammer neuf ans après, est également situé à Paris, en 1890. Fisher ne tourne rien dans la capitale et l’unique image de la tour Eiffel est à nouveau un dessin de Les Bowie, montré au début du film. (Et encore, il faut bien regarder pour la distinguer !)

« L’homme qui trompait la mort » est une variation horrifique du « Portrait de Dorian Gray ».

Entièrement filmé en studio à Londres, dans des décors créés par le talentueux chef décorateur Bernard Robinson, il réunit aussi le talent de Jack Asher à la caméra, et offre des vues avec des éclairages spectaculaires et insolites (ici depuis l’intérieur d’un coffre-fort) quelques années avant que Mario Bava n’en fasse sa spécialité.

Si le film et trop bavard et manque un peu de panache, il vaut le détour pour son trio d’acteurs : Anton Diffring, excellent en docteur sadique et inquiétant, Christopher Lee, inhabituel en héros sans reproche, et la charmante Hazel Court, objet de tous les désirs.

1La peinture sur cache (« matte painting ») consiste à placer devant la caméra une plaque de verre sur laquelle a été peint un décor. Une partie reste vide pour filmer des acteurs réels au travers de cette plaque et créer ainsi l’illusion que l’acteur se déplace dans le décor peint.

SO LONG AT THE FAIR (Si Paris l’avait su) 1950 Terence Fisher et Anthony Darnborough

THE MAN WHO COULD CHEAT DEATH (L’homme qui trompait la mort) 1959 Terence Fisher

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