« L’HOMME QUI VENDIT LA TOUR EIFFEL » 1964 Claude Chabrol
L’homme qui vendit la tour Eiffel – voilà un titre prometteur !
Ce court métrage d’une vingtaine de minutes est une curiosité oubliée, malheureusement, tourné par un Claude Chabrol peu inspiré. Très librement basé sur l’histoire vraie de Victor Lustig, qui a véritablement vendu la tour Eiffel en 1925 à des ferrailleurs un peu trop candides, il fait partie du film à sketches « Les Plus Belles Escroqueries du monde »*.

Le petit escroc Alain des Arcys (joué par le sympathique Jean-Pierre Cassel), en vacances en Allemagne, tombe en panne de voiture devant la propriété de Herr Humlaupt (interprété avec charme et verve par le truculent Francis Blanche). Cet industriel, aussi riche qu’excentrique collectionne des maquettes de la tour Eiffel. Selon la devise, « plus c’est gros, plus ça passe », Des Arcys élabore le stratagème de faire croire à Humlaupt que la vraie tour Eiffel est à vendre !
L’industriel mord à l’hameçon, remplit sa valise de billets et se rend aussitôt à …

… pour finaliser la transaction.

Suivent alors des visites officielles de la tour …

… et des négociations dans des bureaux spécialement aménagés pour embobiner Humlaupt et faire ainsi monter le prix. Avec, au centre, une maquette de la tour telle qu’elle a été prévue à l’origine, avec deux grandes coursives permettant aux visiteurs de profiter de la vue. Ces terrasses supplémentaires ont été abandonnées lors de la construction. Et à gauche Catherine Deneuve (enceinte de son fils Christian Vadim) en potiche qui tricote. (L’actrice déjà célèbre est bien mise en avant sur l’affiche, mais Chabrol ne sait visiblement pas quoi faire d’elle).

Le scénario prévisible, la mise en scène paresseuse et la fin sans surprise gâchent un peu le plaisir de profiter des multiples vues habituelles de la tour Eiffel …


… et d’en découvrir quelques-unes plus insolites – sans et avec pigeons (attention : métaphore visuelle).

Francis Blanche est touchant en allemand naïf et exubérant, finalement trop gentil pour que le spectateur se réjouisse qu’il se fasse ainsi plumer.

Si cette farce se moque des allemands et plus spécialement de leur admiration pour l’acier et les structures métalliques, ces dernières prendront leur revanche en 1972, quand l’usine sidérurgique Thyssenkrupp remporte un important marché. Il s’agit de construire en plein cœur de Paris l’immense structure métallique du Centre Pompidou, conçu par Renzo Piano et Richard Rogers.

C’est cette même entreprise qui a activement soutenu la montée du national-socialisme sous Adolf Hitler, avant en pendant la deuxième guerre mondiale, et que Luchino Visconti a épinglée, sans la nommer, dans son chef d’œuvre « Les Damnés » en 1969.
Ou comment l’histoire de la dame de fer croise aussi l’Histoire, dans ses aspects les moins glorieux !
*Les autres sketches sont tourné par Hiromichi Horikawa, Roman Polanski, Ugo Gregotti et Jean-Luc Godard. Chaque segment est lié à une ville : Tokyo, Amsterdam, Naples, Paris et Marrakech.
« L’HOMME QUI VENDIT LA TOUR EIFFEL » 1964 Claude Chabrol