… vous pouvez même avoir besoin de commettre un meurtre. »
Avant de construire une poignée de musées imposants et intéressants un peu partout dans le monde (musée des sciences à Binhai en Chine, musée de l’acropole à Athènes, MuséoParc à Alésia, …) et avant de créer les « folies » rouges du parc de la Villette à Paris (1983-1992), Bernard Tschumi, fils de l’éminent architecte suisse Jean Tschumi, publie surtout des manifestes provocants :

Parmi lesquels, en 1976/77, une série de cartes postales, intitulée « Publicité pour l’architecture ». Une de ces cartes montre une femme qui pousse un homme par la fenêtre d’un bâtiment. Le titre précise : « Pour vraiment apprécier l’architecture, vous pouvez même avoir besoin de commettre un meurtre. »

Etonnante provocation, qui vise à démontrer le lien entre évènement (dans ce cas, le meurtre) et architecture – qui permet le meurtre (dans ce cas, par l’agencement d’une fenêtre assez grande et haut placée afin de permettre à la femme de pousser l’homme dehors).

Même si on sait qu’une fenêtre ne sert pas qu’à ça – la plupart du temps, les ouvertures dans les bâtiments servent surtout à regarder dehors et à laisser pénétrer la lumière à l’intérieur – Tschumi rappelle que même un élément aussi anodin qu’une fenêtre peut être utilisé à des fins différentes. L’architecture crée alors – ou facilite au moins – l’évènement.

Tschumi poursuit sur cette affiche : « L’architecture est définie par les actions de ses protagonistes, tout autant que par le périmètre de ses murs. Un meurtre dans la rue diffère aussi radicalement d’un meurtre dans une cathédrale, que l’amour dans la rue diffère d’une rue de l’amour. »

Cette manière de souligner un peu brutalement (et lourdement) l’importance de l’architecture dans notre quotidien comme vecteur d’évènements n’a pas échappé aux cinéastes, qui se font plaisir (semble-t-il) à ne pas seulement montrer les ébats amoureux entre ou devant quatre murs, mais surtout à faire voler des personnes à travers des fenêtres, ou du haut des buildings.
L’architecture devient alors l’arme du crime.







