Blake Edwards, surtout célèbre pour sa série de comédies autour de la « Panthère Rose » avec l’infatigable Peter Sellers en Inspecteur Clouseau, tourne en 1962 le thriller « Experiment in Terror », sobrement intitulé en français : « Allô, Brigade spéciale ».

Le film s’ouvre sur une Ford Fairlane 500 Sunliner qui traverse la nuit pour arriver à Twin Peaks, authentique quartier sur les hauteurs de San Francisco. Le modeste panneau indicateur, qui ne laisse pas de doute sur la destination, fait penser à un autre panneau, beaucoup plus célèbre…

… mis en évidence au début de chaque épisode d’une célèbre série télé, et qui est le nom d’une petite ville provinciale imaginaire, située quelque part dans l’état de Washington, créée par David Lynch et Mark Frost.


Dans le même registre, le pseudo-documentaire « Mondo Topless » (1966) de Russ Meyer, roi de la sexploitation des années 60 et 70, s’ouvre sur le gros plan (ci-dessus à gauche) d’un panneau indicateur du même quartier ! Plan qui ressemble étrangement au plan d’ouverture d’un autre film de David Lynch, tourné en 2001 (ci-dessus à droite).


Si le malicieux Russ Meyer décide de tourner à Twin Peaks, c’est qu’il voit tout de suite un lien entre la topographie de la ville et son obsession : mettre en valeur les poitrines généreuses de ses vedettes.
Reste à savoir si « Experiment in Terror » ou « Mondo Topless » ont influencé Lynch et Frost dans la recherche du titre de leur série… ou pas ?

Mais revenons à « Experiment in Terror » : la Ford Fairlane arrive à destination et se gare dans le garage d’une grande maison typique des lotissements américains. Kelly Sherwood, jeune et jolie caissière d’une banque de San Francisco est au volant.

Elle est interprété par la ravissante Lee Remick, qui habite là avec sa petite sœur.

Soudain, elle se fait agresser par un inconnu qui semble surgi de nulle part et menace de la tuer si elle ne consent pas à dérober une somme très importante dans la banque où elle travaille. Si la camera est focalisée sur les visages, le spectateur perçoit bien toute l’oppression de l’agresseur, quand il chuchote : « Quelle taille fine. »
Le harcèlement violent et la voix inquiétante de l’assaillant évoquent une autre scène à l’ambiance semblable et tout aussi malsaine, chez David Lynch…

… entre Lula (Laura Dern) et Bobby Peru (Willam Dafoe) dans « Wild at Heart » (« Sailor et Lula » pour le marché français).

Malgré sa terreur, Kelly Sherwood appelle le FBI (la fameuse « brigade spéciale » du titre français) pour dénoncer l’agression.

Au lieu de la mettre en un lieu sûr pour la protéger, les policiers utilisent Kelly comme appât pour approcher l’agresseur, ce qui donne à Edwards l’occasion de multiplier les scènes de suspense par la suite.

Comme dans beaucoup de films, la jolie maison du lotissement devient un piège au lieu d’être un refuge pour ses habitants.


… avec des intérieurs étouffants qui insistent sur l’insécurité et la peur de notre adorable et courageuse héroïne…

… et les scènes de nuit où l’omniprésence de l’inconnu est perceptible et inquiétante malgré la présence de la brigade spéciale.

Bien conscient des efforts de la police pour protéger Kelly, l’agresseur s’en prend à sa petite sœur (la future Bond girl Stefanie Powers) qui se laisse aborder dans la rue (devant un joli ensemble de maisons modernes en chantier).

Elle regrettera vite de ne pas avoir écouté les conseils de sa grande sœur…

… tandis que la brigade spéciale reste impuissante face à ce ravisseur diabolique !

Pour sauver sa sœur, Kelly doit remettre l’argent volé à l’agresseur au Candlestick Park, fameux stade de football américain construit par John Bolles en 1960, dans un style résolument moderne !


EXPERIMENT IN TERROR (Allô, Brigade spéciale ») 1962 Blake Edwards