« Home is where the office is ? »
Est-ce un hasard si c’est souvent le travail de journaliste qui est représenté dans les vastes bureaux paysagers du cinéma ? Sans doute pas.

L’infatigable investigateur Carlo Giordina (James Franciscus) passe même ses nuits devant son bureau métallique vert-de-gris pour résoudre l’énigme du « Chat à neuf queues ».

De la même manière, le monde extérieur ne semble plus exister pour les reporters Bernstein et Woodward (Robert Redford et Dustin Hoffman), cloîtrés quasiment jour et nuit dans l’immense open space bordélique du « Washington Post », afin de mettre toute la lumière sur l’affaire du Watergate.

Pakula parvient à rendre ce décor – à priori ordinaire – intéressant par des travellings subtils et de nombreux changements de perspective. Curieusement, le mobilier métallique aux coloris « pop » rouge, bleu et vert reste presque toujours invisible sous les montagnes de papiers et classeurs.

Plus que le mobilier, ce sont les colonnes blanches, tramées régulièrement et qui supportent un plafond composé de millier de luminaires carrés et identiques qui constituent l’espace en soulignant son étrangeté et sa profondeur quasi infinie.

Sorte de renversement des projets des architectes italiens « Superstudio » (1971), qui prônent des espaces infinis sur des trames bien réglées.

Quand David Fincher tente d’évoquer les années 70 et les locaux du journal « San Francisco Chronicle », où le dessinateur Rob Graysmith (Jake Gyllenhaal) doit déchiffrer les signes du Zodiac-Killer, on retrouve alors des « non-lieux » similaires, aux teintes beigeasses et tristes, avec la même prédominance des luminaires tramés à l’infini…

(à suivre)
IL GATTO ANOVE CODE (Chat à neuf queues) 1971 Dario Argento
ALL THE PRESIDENT’S MEN (Les hommes du président) 1976 Alan J. Pakula
ZODIAC 2007 David Fincher