gentil=classique / méchant=moderne

Quand l’architecture moderne, d’avant-garde ou contemporaine est représentée dans des films, elle est souvent identifiée à des personnages « négatifs » : peu sympathiques voire égoïstes, inquiétants ou malfaisants. Comme s’il pouvait y avoir un lien entre l’expression architecturale et l’état d’esprit de ses occupants.

Trois films aussi différents que « Mon Oncle », « L. A. Confidential » et « Twilight » illustrent le principe.

Dans « Mon Oncle », Monsieur Hulot est un personnage attachant, sympathique et rêveur qui habite au dernier étage d’une vieille maison qui borde la placette du village de Saint-Maur.

Faite de bric et de broc, elle est le résultat d’annexes et d’extensions successives : selon le degré d’indulgence et de sympathie que l’on éprouve à son égard, on la considérera comme ingénieuse et amusante ou comme moche et incohérente.

Par contraste, le beau-frère d’Hulot, Monsieur Arpel, semble rigide et autoritaire. Il forme avec sa femme un couple conditionné, notamment par les nombreux gadgets que contient leur villa ultra-moderne (conçu par Pierre Etaix et Jacques Lagrange). Cette maison est présentée comme une propriété luxueuse qui leur sert d’espace de représentation, et non comme un véritable « chez soi ».

C’est seulement quand Hulot fait irruption dans la villa et en transgresse les règles, qu’elle devient plus vivable (au grand dam des propriétaires).

Cette maison apparaît comme un personnage à part entière, qui dirige la vie de ses occupants et semble même les observer durant la nuit.


La fameuse Lovell Health House, construite par Richard Neutra entre 1927 et 1929, avec une ossature métallique très avant-gardiste, est la demeure du « méchant » Pierce Patchett, proxénète influent et sans pitié dans le thriller noir « L. A. Confidental ».

Le film montre surtout l’entrée de la maison, composée de blocs abstraits successifs et fermés, qui suivent le terrain en pente et annoncent les généreux bandeaux lumineux qui ouvrent la villa sur la vallée.

Les pièces, ouvertes les unes sur les autres, se succèdent par demi-plateaux et créent une promenade architecturale pour les deux policiers qui découvrent le cadavre du propriétaire, bien éclairé par la lumière qui entre par les larges baies vitrées.

Or, la demeure de la gentille « femme-fatale » Lynn Braken (Kim Basinger), prostituée au grand cœur qui tente désespérément d’échapper à l’emprise de son maquereau pour se repentir, exprime un chic beaucoup plus traditionnel. Pas de murs blancs immaculés, ni de bandeaux lumineux, mais une intimité très classique – renforcée par des canapés moelleux, des fenêtres à petits carreaux et des rideaux à frou-frou.


Dans « Twilight », l’innocente et pure Bella Swan (Kristen Stewart) habite dans une grande maison en bois avec porche et bow-window. Exemple classique et conventionnel du nord-ouest des États-Unis.

Tandis que son ténébreux ami Edward Cullen (Robert Pattinson) et sa famille de vampires habitent une maison de style contemporain, cachée dans la forêt. Il s’agit de la villa Hoke, conçue en 2006-2007 par Skylab Architects à proximité de Portland pour le propriétaire de l’entreprise Nike.

Il est d’ailleurs assez étonnant de voir des vampires, qui, traditionnellement, se consument à la lumière du soleil, vivre dans une villa totalement vitrée.

MON ONCLE 1958 Jacques Tati

L. A. CONFIDENTAL 1997 Curtis Hanson

TWILIGHT : FASCINATION (Twilight) 2008 Catherine Hardwicke

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